Nina Bernagozzi
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HÉMOLYMPHE

לך לך



“ La nymphe est un être dont la forme coïncide ponctuellement avec la matière et dont l’origine ne se laisse pas distinguer de son devenir, n’est autre que ce que nous appelons temps. “
Agamben - Nymphes.






































Suspendue dans la nuit étoilée, assumant une forme spectrale, dans un exercice inouïe d’équilibriste, en suspension,
Ianua, élève de Janus est une Nymphe. Une porte qui a procédé au geste heureux de se soustraire à la loi des clés
comme à celle des seuils, pour ne demeurer uniquement, ici, maintenant, telle une créature faite de pur exeriorité,
qui n’a plus fonction d’être-passage entre deux lieux, mais qui est le lieu lui-même, la chose en soi.
Cette brèche, cette infime lame d’air qui s’engouffre là où bon lui semble.
Ce presque rien, qui n’est autre que le presque tout qu’il nous reste.

Ianua se rappelle des incendies du passé, Ianua sait bien que la maison brûle, que la ville est aux prises des flammes,
qui s’élèvent plus haut chaque jour, mais Ianua reste là, suspendue.
Elle s’attarde, absorbée par son cocon, car il faut bien s’arrêter un instant pour panser, pour penser, pour se métamorphoser.

Si nous avions l’audace d’inciser avec une lame bien aiguisée cette chrysalide, nous découvririons la bravoure
de cet être nymphe. Nous prendrions la mesure de ce qu’est la véritable métamorphose. De cette vie capable
d’en accueillir deux, celle de l’Imago, du papillon et celle de la chenille; qui en quittant son stade larvaire,
se dépouillant de sa dernière peau, opère la transformation radicale, ici, enclose dans la chrysalide.
Là, la plupart de ses organes larvaires se dissolvent intégralement, les graisses sont réquisitionnées,
fondent et se liquéfient.

L’intérieur de Ianua la nymphe se voyant alors, être remplie d’une bouillie apparement sans structure,
ressentant combustions, contorsions, contractions. Ianua la nymphe est une créature composée sous
son enveloppe de flux de désir que l’on nomme l’hémolymphe.














































Ninfe / encres et gofun sur papier Hanji / 24 x 27 cm / 2022
































































Chrysalide

לך לך בשלכת שלך


  encres sur papier Hanji / 37,5 x 24 cm / 2022





























Hémolymphe

לך לך

    encres sur papier Hanji / 24,5cm x 43cm / 2022















































Vue d’exposition Ianua, Galerie Jousse entreprise, 2022 (à gauche, Clément Borderie) à droite, Hémolymphe, encres sur papier Hanji / 24,5cm x 43cm / 2022












































Hémolymphe

לך לך

    encres sur papier Hanji / 24,5cm x 43cm / 2022






































  Le souffle

שלכת שלך

  encres sur papier / 160 x 100 cm / 2022






































détail - Nymphe / encres et gofun sur papier Hanji / 26 x 32 cm / 2022










































série chrysalide - bourgeon d’un cri / encres sur papier Hanji / 24cm x 20,5cm / 2022

























«Merveilleuses allégories de l’ambivalence,
de l’être en devenir, de la vie en gestation,
de la germination et de l’attente…
Tout un monde frémissant et aqueux,
trouble et hésitant, celui des interstices,
de l’entre-deux, de la fragilité…
A la fois tangibles et intangibles,
matérielles et impalpables,
réelles et imaginaires,
en suspens, entre la vie et la mort,
l’obscurité et la lumière,
le solide et le liquide,
le tremblement et l’engourdissement,
la pétrification et le fourmillement,
ces nymphes
– êtres, substances ou flux en perpétuelle métamorphose –
nous plongent dans la troublante beauté de l’indétermination.»



Stéphanie Dulout - journaliste, critique















































































© Nina Bernagozzi-2019 / Cannot be used without permission.