Nina Bernagozzi
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« La cuisine, cet espace de l’entre-nous, »







La marchande de quatre saisons est une enquête englobante, une réflexion culinaire et plastique qui s’articule autour d’un sentiment de nostalgie guidé par les saisons,
s’évertuant à retranscrire ces variations qui nous habitent. Prenant à chaque occasion une forme nouvelle.













 Ostrea/Ostreon - Février 2020 - Hîver








« Entre les hommes il y a une île, je veux aller sur cette île. »

Ostreon,la racine grecque de l’huître, a donné naissance au concept d’ostracisme.
Durant l’Antiquité, l’Ecclésia utilisait la partie plate de l’huître comme bulletin de vote
afin d’exclure un membre de sa communauté jugé trop puissant,
présentant ainsi un danger pour la démocratie, pour un bannissement de dix ans.
En contre-pied Ostrea, la racine latine de l’huître, renferme en elle ce fruit indiscutablement érotique
et féminin dont usait Casanova comme objet de séduction, de préliminaires.

Il clôture une lente et longue période de vacillements dans laquelle j’ai demeuré enfermée dans une coquille.
















 Ostreon/Ostrea, Une traversée retour - Octobre 2020 - Le recueillement  









Peut-être aidé par la vision des fous qui peuvent nous animer certains jours où le ciel menace et que les yeux refusent de s’ouvrir au delà du mi-clos,
ces jours où le regard des ostracisés s’avère plus limpide et lucide que tout autre, car ils ont déjà fait ce pas de côté qui leur permet d’observer avec retrait le monde.
Le diner Ostrea-Ostreon qui tînt place en Février dernier avant qu’ une pandémie faucheuse qui nous a astreints au confinement,
nous acculant au retrait et à la distanciation.
Les odeurs du printemps naissantes étouffées, l’herbe humide coupée sous le pied, la marchande de quatre saisons a dû mettre en suspens ses projets anticipés pour,
comme tout un chacun, suivre le cours des choses.
En est venu alors Ostreon-Ostrea, une traversée retour, par laquelle la marchande de quatre saisons étend dans un nouveau dialogue intimiste,
avec sa compagne-miroir, l’huître, la réflexion d’un nouveau rapport à la solitude, accueillant une nouvelle saison: Une saison qui filtre.

Dans une respiration alanguie mais opiniâtre, potentiel d’amples rêveries, que seuls les intérieurs discrets et dérobés peuvent inventer,
à l’image de la nacre dissimulée par l’âpreté calcaire de la silhouette de ces coquilles, cette traversée retour s’essaye à opérer une dialectique de l’imagination,
dans l’espoir d’y déployer une vérité des profondeurs.
Pour accueillir, en soi, une autre vitalité, une nouvelle saison: le recueillement.

Ostreon-Ostrea, une traversée retour se construit comme un négatif d’Ostrea-Ostreon, en ce sens que la marchande de quatre saisons inverse son rôle
avec celui de ses dégustants: par le passé, elle s’ostrascisait alors qu’eux se rassemblaient pour faire communauté, ici, elle se place au centre et les plongent dans une condition solitaire.


















































































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